La tolérance andalouse : mythe et réalité
Conférence du 24 février 2018
Centre social Mer et colline
Plus de cinq siècles après la fin de l’existence historique d’al-Andalus, sa figure est toujours convoquée pour témoigner du fait que l’Islam fut tolérant au Moyen Âge. Le concept de tolérance, invention de la modernité, est pourtant anachronique quand on veut l’appliquer à un Moyen Âge qui ne pouvait le penser. C’est dans les textes élaborés du XVIIIe au XXe siècle que le couple étonnant qu’il forme avec al-Andalus a été progressivement constitué : les Lumières ont ainsi fait des juifs et des musulmans expulsés d’Espagne à la fin du Moyen Âge (Marranes et Morisques) les victimes par excellence d’une monarchie catholique espagnole inféodée à l’Inquisition ; le XIXe siècle a inventé le paradigme de la tolérance andalouse ; le XXe l’a nourri des fantasmes les plus contradictoires. Alors qu’aujourd’hui les débats sont vifs sur l’Islam actuel comme passé, nombreux sont ceux qui veulent déconstruire le mythe, oubliant un peu vite que la coexistence entre communautés a bel et bien existé et qu’il s’agit de l’une principales caractéristiques des sociétés impériales pluriethniques et pluriconfessionnelles, ce que fut l’Islam médiéval.
Par Emmanuelle Tixier du Mesnil, historienne, maître de conférences (université Paris-Nanterre). Accompagné par Mohamed Ouerfelli, historien, maître de conférences (Aix-Marseille Université).